Ils avaient 15, 17 et 19 ans…

Le président Liamine Zeroual, Abderazzak Bouhara, le colonel Boutella, El Hadi Lekhdiri… faisaient tous partie de cette génération de jeunes formés à l'étranger pour renforcer les capacités militaires de l'Algérie pendant la guerre de Libération.
Conscient des défis que poserait l’encadrement militaire une fois la colonisation terminée, le commandement de l’ALN a identifié un besoin crucial de compétences et de discipline nouvelle. Pour y répondre, des combattants ont été soigneusement sélectionnés puis envoyés à l’étranger, dans des pays alliés, afin de suivre des stages de formation militaire avancée. Ces stages visaient à doter les futurs cadres de connaissances tactiques, techniques et organisationnelles. Une fois formés, ces hommes étaient réintégrés dans les rangs de la lutte armée, apportant avec eux un savoir précieux, essentiel pour structurer et moderniser l’ALN sur le terrain.
À partir des années 1957-1958, la direction de l’ALN instaure une politique de formation militaire au Moyen-Orient, en Chine et, plus tard, en URSS.
Il s’agissait, d’une part, de former des militaires capables d’encadrer les djounoud, essentiellement aux frontières, puisqu’à partir de 1958 celles-ci sont de plus en plus étanches et très peu de combattants parviennent à rejoindre les maquis. D’autre part, préparer l’après-guerre en formant des hommes qui contribueront à l’édification d’une société nouvelle.
En effet, il était question d’anticiper le manque de cadres auquel l’Algérie devra faire face une fois son indépendance acquise, en formant des militaires qui seront immédiatement opérationnels. Il fallait préparer des cadres pour les armées de terre, air et mer, de manière à avoir, dans le futur, des bataillons à même de mener des opérations dans tous les domaines.
Les objectifs à long terme de ces formations découlent de la première politique militaire mise en place par les dirigeants de l’ALN, avec une projection dépassant le strict cadre de la lutte de libération, pour s’inscrire dans une perspective longue. En ce sens, on peut dire que l’ANP est née en 1957, au moment où les combattants de l’ALN ne sont plus uniquement destinés à combattre la France, mais à devenir les cadres de l’institution militaire qui prendra le relais de l’ALN, une fois l’indépendance arrachée.
Ils avaient 15, 17 et 19 ans et étaient parmi les premières promotions de pilotes, qui va activement participer à la création des premiers escadrons de l’armée de l’air de l’Algérie indépendante. Ils sont venus témoigner, hier, au Forum de la mémoire de leurs expériences, de leur formation, de la responsabilité qui pesait sur leur épaules et de leur fierté d’avoir été les premiers cadres militaires après l’indépendance. À partir de 1957, les grandes écoles militaires de Syrie, d’Égypte, d’Irak et de Jordanie ont été ouvertes aux Algériens envoyés en formation par les soins du FLN. L’admission dans les Académies militaires se faisait généralement entre 16 et 22 ans.
Cette formation ne se limitait pas seulement aux compétences militaires, mais englobait également un enseignement idéologique et politique. Les étudiants étaient sensibilisés aux idées de justice sociale, d’égalité et de liberté, ce qui renforçait leur détermination à lutter contre le colonialisme français. Malgré les risques, les étudiants ont continué à s’engager activement dans la lutte pour l’indépendance. Leur participation a été cruciale dans la mobilisation de la jeunesse et dans la diffusion des idées nationalistes à travers le pays.

F. L.

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